Tribu Carnivore

MYTHE: « Les petites races ne peuvent être nourries de viande et d’os »

Eh bien, rien de plus faux, justement! Si on peut dire que tous les chiens ressentiront les bienfaits d’une diète crue, les races naines (et les petits chiens en général) sont peut-être encore plus spécifiquement concernés !

En effet, la dentition - souvent problématique chez les races naines - les rend tout particulièrement vulnérables aux maladies parodontales (un fait reconnu par la majorité des vétérinaires).

En raison de l’extrême petitesse de leurs mâchoires, l’espace entre les dents est parfois inexistant, ce qui favorise inévitablement la formation et la prolifération de la plaque dentaire. Les maladies parodontales peuvent se développer à une vitesse stupéfiante et les bactéries présentes dans la bouche ont ainsi un accès immédiat au reste de l’organisme du chien.

Ce genre de maladie ne signifie pas uniquement l’apparition d’une haleine fétide chez le petit chien mais peut également provoquer des dégâts considérables à d’autres organes vitaux, tels que le cœur ou le foie. Si vous avez besoin d’une image forte pour vous convaincre des méfaits de l’accumulation de la plaque dentaire, je vous invite à visiter cette page.

Sans aucun doute, des générations de sélection ont abouti à la taille très réduite de certains sujets (tout en augmentant l’impérieuse nécessité d’une action nettoyante sur les dents). Cependant, la sélection vers des sujets particulièrement petits et les modifications du phénotype quelles qu’elles soient (longueur et épaisseur de la fourrure, couleur de celle-ci, le port des oreilles) n’ont aucunement affecté les besoins physiologiques de ces chiens. Un petit chien reste un carnivore avec l’anatomie, la dentition et la physiologie d’un carnivore, aussi petit soit son gabarit.

Les petits chiens et toutes les races naines sont parfaitement adaptés à une diète crue, ce qui est mis en évidence par tous les éleveurs et les propriétaires de petits chiens qui nourrissent leurs protégés ainsi à travers le monde.

Il s’agit, bien évidemment, d’adapter la nourriture choisie à la taille du chien. Tout comme il ne serait guère pratique de nourrir son Rottweiler de minuscules ailerons de poulet crus, il ne s’agit pas de servir à son Papillon ou Chihuhua un plat de côtes géant en espérant qu’ils en viennent à bout en un seul repas. Tous les petits chiens se délectent – et prospèrent – avec un régime composé de poitrines de poulet charnues, de quartiers de poulet, de cailles entières, de parties diverses de lapin, cous de porcs, bœuf, foie, cœur et tous les autres organes. Le poisson et les petits rongeurs peuvent également constituer une alternative intéressante.

Vous ne devez garder à l’esprit qu’une seule règle de base quand vous choisissez de nourrir votre petit chien en viande et os crus : voyez grand ! En alimentation crue, un chien de petite taille ne doit pas recevoir de trop petits morceaux. Donc, prudence avec les ailes et ailerons de poulet, les cous de poulet : ces morceaux sont souvent suffisamment petits pour que le chien (eh oui, aussi petit soit-il) s’hasarde à vouloir les avaler tous ronds. Le chien a par ailleurs généralement un excellent réflexe de régurgitation mais, ces épisodes sont généralement traumatiques pour les maîtres !

Un des traits de caractère les plus attendrissants chez le petit chien, c’est qu’il semble systématiquement se prendre pour un grand. L’alimentation le prouve également… le plus minuscule des Chihuahuas peut se prendre soudainement pour un loup face à un bel os charnu. Le comportement totalement inné de déchirer, arracher, mastiquer et avaler (parfois avec l’accent sur le fait d’avaler goulûment, tout spécialement si le chien n’a précédemment connu qu’une nourriture industrielle) devrait encore être bien présent et réel chez le petit chien. Débarrassez-vous donc de l’aile ou du cou de poulet « solitaires » et proposez-les à votre chien seulement s’ils sont encore attachés au reste de la bête…

Nous l’avons vu, le premier argument en faveur de ce type d’alimentation est de maintenir la dentition de votre chien en parfait état, ce qui contribuera à votre chien au meilleur de sa forme.

Vous n’aurez dès lors plus droit à l’odeur pestilentielle que dégagent -- hélas – les gueules de bon nombre de petits chiens. Ceux-ci ont peut-être encore plus besoin de cette action de nettoyage sur leur dentition que les plus grands gabarits, en raison des effets bénéfiques de cette intense mastication sur leurs gencives et, évidemment, sur leurs dents. Sans compter, évidemment, le plaisir intense qu’éprouve le petit chien à déchiqueter et mastiquer sa nourriture… d’où, encore une fois, l’intérêt de leur proposer des morceaux un peu au-delà de leurs attentes, ce qui ne manquera pas de les garder occupés un bon moment.

N’hésitez donc plus à proposer un bon quart de poulet à votre Carlin, à offrir à votre Shi-Tzu ou Lhassa Apso le plaisir d’attaquer un bon cou de porc. Résistez par contre à la tentation de leur couper leur nourriture en menus morceaux, sous prétexte que votre chien est tout petit… Rappelez-vous, ce sont justement les petits morceaux qui provoquent un risque d’étouffement. Tenez-vous en aux pièces plus conséquentes et vous vous apercevrez rapidement que votre petit protégé est parfaitement capable – et heureux – d’en venir à bout !

Si vous ressentez le besoin de commencer avec de la viande dépourvue d’os, question d’habituer votre chien au goût et à la consistance de la viande crue, faites-le. Une fois que votre chien mangera sa viande avec plaisir, ajoutez à sa gamelle un repas d’os charnus et laissez votre toutou se débrouiller seul.

Si le chien fait le difficile, récupérez votre os charnu après 15 minutes et remettez-le au frais. Proposez-le à nouveau en lieu et place de la gamelle suivante ou le jour après. Un minimum de conviction est nécessaire – parfois – pour inciter votre petit chien à se servir de ses petites dents comme le carnivore qu’il est malgré tout (à moins que, évidemment, l’état de santé de votre chien ne présente des indications spécifiques qui imposent un certain nombre de repas journaliers). Mais le résultat de votre détermination en vaut largement la peine ! 

En règle générale, les petits chiens peuvent tout simplement être nourris sur les mêmes bases que n’importe quel plus grand gabarit. Commencez par leur donner environ 2% de leur poids idéal adulte – éventuellement 3% si votre petit chien est très actif ou a un métabolisme particulièrement rapide. Pour un chien de 18 livres – vous donnerez, pour commencer, entre un quart ou une moitié de livre d’os charnu PAR JOUR. Si votre chien ne pèse que 3 ou 4 livres, vous devez opérer un choix judicieux des aliments et vous fier à son apparence (trop maigre / trop rond) pour déterminer s’il serait utile d’augmenter ou de réduire les rations journalières.

Soyez par ailleurs attentifs au poids de votre chien – si celui-ci vous semble un peu trop bien en chair, réduisez sa ration sans tarder. Si, par contre, votre chien vous semble un peu trop mince, augmentez-la de suite. La plupart des chiens vivent parfaitement bien avec un seul repas par jour ; à moins que des indications médicales spécifiques nécessitent plusieurs repas pour le vôtre (par exemple, sa taille particulièrement minuscule ou la période de croissance d’un tout petit chiot), limitez-vous à un seul repas par jour. Ceci vous permettra de proposer à votre chien un repas substantiel d’os charnus crus. Si vous avez opté pour un morceau particulièrement conséquent (comme un rack de côtes entier), laissez votre chien manger à sa faim et retirez ensuite ce qui reste de son repas, que vous entreposerez au frais, bien entendu.

Pour les très petits sujets, on peut aisément les laisser manger jusqu’à satiété (ou, si vous considérez que votre chien n’a pas un bon réflexe de satiété, jusqu’à ce que vous considérerez une portion raisonnable) et – ensuite récupérez « les restes » pour le repas suivant. Si votre chien doit absolument manger plusieurs fois par jour, vous pouvez lui proposer des abats ou un repas à base de jaune d’œuf le matin et son repas d’os charnus crus le soir. Alternativement, vous pouvez prélever un peu de viande de la belle cuisse de poulet que vous destinez au repas du soir et la donner le matin à votre chien. Ce qu’il en reste constituera ensuite son repas principal.

Après avoir introduit une source de protéines dans l’alimentation de votre toutou – veillez à introduire les abats très progressivement. Les petits chiens ont sans aucun doute besoin de variété dans leur alimentation tout comme les plus grands. Au fur et à mesure de vos expérimentations avec différentes sources de protéines, vous pourrez proposer à votre chien une variété de morceaux d’os charnus afin de stimuler son intérêt dans sa nourriture et – donc - sa mastication ! Cependant, évitez absolument les gros os lourds et non recouverts de viande. Les gros de bœuf (du type os du fémur) sont à proscrire, ils pourraient en effet contribuer à casser une petite dent… Tenez-vous en aux os recouverts de viande et dont l’os est au moins partiellement comestible.

Avec l'aimable autorisation de l'auteur © : Carissa

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