Tribu Carnivore

L’alimentation du chien de travail

Sur le terrain ou sur le ring, chaque propriétaire est constamment à la recherche du « petit truc en plus » qui donnera plus d’endurance et de force à son chien. Dans n’importe quel sport canin, il existe un sujet récurrent qui est de comparer et d’essayer de nouveaux aliments et d’espérer de trouver la formule magique qui donnera l’élan supplémentaire pour la compétition.

Il est temps, cependant, de se rendre compte que le chien de travail est un athlète qui mérite autant d’attention et de considération qu’un compétiteur olympique. Imaginez un athlète professionnel à l’entraînement en train de consommer un régime d’aliments tout prêts deux fois par jour. Imaginez que cette nourriture a été cuite pendant trois jours, qu’elle est composée de déchets alimentaires, puis cuite au four en forme de petits cubes, avec quelques suppléments ajoutés pour couvrir les besoins nutritionnels. Pensez-vous que cet athlète livrera sa meilleure performance sur le terrain ? Est-ce que ce régime alimentaire permettra au sportif d’avoir assez d’endurance et de force pour participer à une compétition à son meilleur niveau ?

Le chien est différent de nous, car il est un carnivore. Les carnivores ont besoin de protéines et de graisses pour avoir de l’énergie et obtenir les nutriments dont ils ont besoin pour survivre. Plus un chien dépense de l’énergie, plus il aura besoin de graisse et de protéines dans son alimentation. Si ces deux éléments manquent, le chien va rapidement perdre sa capacité à soutenir un effort demandant de l’endurance.

L’aliment le plus courant que l’on peut trouver pour les chiens de nos jours est la nourriture sèche. Regardons d’un peu plus près les ingrédients qui se trouvent dans ce type d’alimentation. La plupart des croquettes contiennent au moins trois formes de céréales. Les hydrates de carbone ne fournissent pas d’énergie au chien. Les céréales sont utilisées dans la préparation des croquettes pour donner du volume, pour une question de coût et de facilité lors de la préparation. Les chiens ont besoin d’acides aminés pour fournir de l’énergie et être en bonne santé. On trouve les acides aminés dans les protéines, surtout dans les protéines animales. La cuisson qui a lieu lors de la préparation des croquettes détruit souvent les acides aminés, ainsi que la plupart des vitamines et des minéraux.

Et pour finir, les aliments riches en fibres et en amidon prennent beaucoup de temps à être digérées dans le système digestif simple et court qu’est celui du chien, en comparaison à la facilité avec laquelle sont digérés les aliments frais (protéines et graisses animales). La digestion demande beaucoup d’énergie à un être vivant et moins il passe de temps à digérer, plus il aura d’énergie pour le reste. Si la nourriture est digérée rapidement, le chien n’aura pas à porter le poids de son ventre plein et les risques de torsion-dilatation de l’estomac seront réduits.

Des recherches récentes mettent l’accent sur plusieurs facteurs intervenant dans la production d’énergie chez le chien. L’augmentation de la quantité de protéines permet la néoglucogenèse (capacité à transformer les acides aminés en glucose) et s’avère être un avantage net dans d’autres domaines également.

Dans une étude, des chiens en entraînement intensif ont été nourris avec des taux de protéines allant de 16% à 40%. Les chiens nourris avec des aliments pauvres en protéines (16% et 24%) ont été blessés lors des entraînements et tous les chiens dont le régime alimentaire n’excédait pas 16% de protéines ont dû arrêter l’entraînement à cause de leurs blessures. Les chiens nourris avec 32% et 40% de protéines n’ont pas été blessés durant l’entraînement. Un objectif important pour les nutritionnistes canins est de donner au chien sportif une nourriture qui fournit suffisamment de calories provenant d’autres sources afin d’avoir besoin d’un minimum de protéines pour les besoins en calories. Cela économise les protéines qui seront utilisées pour la réparation des tissus, la production d’hormones et les autres fonctions cruciales des protéines.
(www.working-retriever.com)

Les protéines sont importantes afin de réduire le risque d’anémie sportive. Une étude a montré que des chiens de travail, dont les calories de leur alimentation provenait à 19% des protéines, souffraient de beaucoup plus de blessures, avaient un apport en oxygène diminué et moins de globules rouges que les chiens nourris avec une alimentation contenant 24, 32 ou 40 % de protéines. Les chiens nourris avec 40% de protéines avaient une circulation plasmatique plus élevée que les autres groupes, ce qui indique que l’augmentation des besoins nutritionnels découlant d’un entraînement soutenu ne peut pas être comblée par un régime pauvre en protéines. Lors d’une étude menée sur des Greyhouds de course, on a découvert qu’une alimentation riche en graisses et en protéines et pauvre en hydrates de carbone augmentait l’endurance. Les chercheurs ont comparé un régime contenant 32% de graisses, 25% de protéines et 43% d’hydrates de carbone avec un régime contenant 25% de graisses, 21% de protéines et 54% d’hydrates de carbone. Les Greyhounds qui étaient nourris avec une alimentation plus riche en protéines courraient en moyenne 0.2 secondes plus vite : la différence nécessaire pour gagner ou perdre une course.
(www.purina.com)

Les protéines sont à la fois une source d’énergie et une source d’acides aminés. Les protéines de haute qualité d’origine animale procurent une meilleure digestibilité, un équilibre en acides aminés et rendent le repas plus appétissant. L’exercice augmente les besoins en protéines d’un individu et demande plus d’efforts au corps, ce qui peut résulter en un dérèglement des tissus, voire en l’endommagement de ces derniers. Ces tissus doivent être remodelés et réparés ce qui demande un apport plus élevé en protéines. Cet apport peut être comblé par une alimentation riche en protéines. Les protéines peuvent également être utilisées comme source d’énergie avec un rendement énergétique de 3.5 kcal par gramme. La graisse est l’élément qui augmente l’énergie pour un chien. Elle est hautement digestible et aide à maintenir un niveau d’énergie élevé, contrairement aux hydrates de carbone. Les calories sont importantes pour un chien de travail et la graisse en est la meilleure source.
(www.acsma.org)

La meilleure source de calories est donc la graisse. L’on sait depuis de nombreuses années qu’une alimentation riche en hydrates de carbone peut causer une démarche raide chez le chien sportif. D’autres recherches ont mis en évidence la valeur de la graisse comme source d’énergie. Le VO2 Max* de chiens très entraînés a été enregistré. Par la suite, le VO2 Max de chiens ordinaires nourris avec une alimentation pauvre en graisses a été comparé avec leur propre VO2 Max alors qu’ils étaient nourris avec une alimentation riche en graisses. Les niveaux de VO2 Max des chiens ordinaires nourris avec une alimentation riche en graisses égalaient ceux des chiens hautement entraînés. Cela démontre le rôle primordial de l’alimentation en ce qui concerne l’endurance. On peut également en déduire que alimentation riche en graisses augmente el VO2 Max et que les graisses ont un rôle important à jouer en ce qui concerne l’énergie. Pour les chiens sportifs, cela conduit à de meilleures performances sur le terrain.
(www.working-retriever.com)

Les chiens qui pratiquent des sports d’endurance ont généralement besoin d’une alimentation dans laquelle la graisse couvre plus de 50% des besoins en énergie afin d’augmenter l’endurance et de maximiser la production d’énergie. La répartition optimale des nutriments producteurs d’énergie est différente chez les chiens sportifs de haut niveau. Les chiens d’endurance ont besoin d’une alimentation contenant de 50% à 70% de graisse car la graisse augmente la production d’énergie. En outre, une alimentation riche en graisse donnée pendant l’entraînement permet de modifier le métabolisme du chien afin qu’il soit plus apte à utiliser les graisses.
(www.purina.com)

La graisse est utilisée par le corps pour produire de l’énergie et peut être utilisée comme source d’eau métabolique. Les graisses sont hautement digestibles, très appétissantes et constituent un ingrédient riche en énergie. Elles ont un rendement énergétique de 8.5 kcal par gramme. Elles sont également indispensables pour l’absorption des vitamines liposolubles A, D, E et K. La graisse produit de l’eau métabolique. Le métabolisme des graisses produit 107 grammes d’eau pour 100 grammes de graisse, les protéines produisent 40 grammes d’eau pour 100 grammes de protéines et les hydrates de carbone produisent 55 grammes d’eau pour 100 grammes d’hydrates de carbone. Un bon ratio en acides gras aide à réduire la production de médiateurs inflammatoires dans la peau, le plasma et les neutrophiles. Le ratio optimum entre les oméga-6 et les oméga-3 se situe entre 5:1 et 10:1. Une alimentation riche en graisses améliorera l’hydratation du chien de travail. L’eau elle-même est évidemment tout aussi importante.
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 Les pertes en eau les plus remarquables chez le chien de travail s’observent lors de l’évaporation par la bouche et par le système respiratoire. En fonction de l’intensité de l’exercice, de la température extérieure et de l’humidité, la perte d’eau par évaporation peut être 10 à 20 fois plus élevée lors de l’exercice. Quand la température est basse, l’air que le chien respire est pauvre en humidité. Lorsque l’air froid atteint les poumons, l’air se sature en eau et l’air expiré contient ainsi environ 6% d’eau. Sous des climats plus chauds, l’air inhalé est plus humide et ainsi le chien perd moins d’eau par les poumons à chaque respiration. Cependant, puisque le chien halète pour refroidir la température de son corps, la perte d’eau par évaporation de la salive conduit souvent, lors de températures élevées, à des pertes par évaporation égales ou supérieurs à celles rencontrées lors de températures basses. Il est primordial de toujours fournir de l’eau fraîche au chien tout au long de la journée et d’apporter de l’eau, de la glace et des sprays d’eau lors d’un événement sportif. C’est aussi important par temps chaud que par temps froid.
(www.acsma.org)

D’après les références et les recherches citées plus haut, il semble évident que des graisses et des protéines de haute qualité sont les composants clé pour augmenter l’endurance. Les hydrates de carbone sont quant à elles sujettes à controverse. Les études citées plus haut recommandent un régime comportant jusqu’à 40% de protéines et jusqu’à 50% de graisses. Cela laisse peu de place aux hydrates de carbone. Il est difficile de trouver des études impartiales sur le problème des hydrates de carbone. Cela est partiellement dû au fait que la plupart des recherches sont menées par les industries du pet food et que les aliments commerciaux contiennent principalement des céréales et de l’amidon. Bien qu’un régime riche en protéines et en graisses soit recommandé, on ne trouve pas ces composants dans les croquettes.

Voici deux opinions sur le sujet. Notez que la première est celle d’un fabricant d’aliments pour animaux bien connu :

Donner uniquement de la graisse et des protéines comme sources d’énergie n’est pas suffisant. Sans hydrates de carbone, le chien de travail peut risquer un épuisement de ses réserves de glycogène musculaire (ndlt : on trouve du glycogène dans les muscles où il est stocké puis dégradé en glucose lors d'efforts musculaires importants. Contrairement au cas du foie, le glucose ainsi produit par la cellule musculaire ne peut être utilisé que par cette même cellule). On peut se poser la question de savoir si un chien qui participe à plusieurs épreuves sur la même journée ou sur plusieurs jours consécutifs aura le temps de reconstituer ses réserves de glycogène musculaire. Nous avons déterminé qu’un supplément en hydrates de carbone donné immédiatement après un exercice aide à obtenir une recharge plus rapide du glycogène musculaire dans les premières heures de la récupération.
(www.purina.com)

Et voici un deuxième avis sur le sujet :

Aucun besoin minimal en hydrates de carbones n’a été établi chez le chien. L’acidocétose est une pathologie qui survient chez l’humain lorsqu’il est subitement soumis à un régime pauvre en hydrates de carbone. Les chiens sont beaucoup plus résistants que l’humain à l’acidocétose lors d’un jeûne ou lorsqu’ils sont nourris avec une alimentation contentant 100% de graisses. Des chiens de traîneau nourris avec une diète riche en graisses (66% de l’énergie) et sans hydrates de carbone ont montré des taux sanguin d’acétone et de betahydroxybutyrate très bas. Il n’y a pas de preuves que le chien ait un besoin nutritionnel essentiel en glucose (au sens strict du terme, c’est à dire quelque chose assimilé par l’alimentation). L’utilisation de glucose par les tissus représente environ 25% de l’activité métabolique du chien. Il peut très clairement être synthétisé par les précurseurs du glucose (acides aminés et glycérol) chez des chiens nourris sans hydrates de carbone. A cet égard, les chiens ressemblent aux ruminants, aux poules, aux rats et aux chats. Même chez l’humain, les changements métaboliques qui suivent immédiatement une privation d’hydrates de carbone s’atténuent avec le temps. On suggère également que les hydrates de carbone non assimilées facilitent le transit intestinal. La projection anthropomorphique de cet état de fait chez le chien ne repose sur aucune base médicale. Reste à savoir si les selles volumineuses et odorantes d’un chien nourri avec des hydrates de carbone sont plus ou moins plaisantes que les rares selles non odorantes et compactes d’un chien nourri avec une alimentation pauvre en fibres. C’est une question d’esthétique. 

("Canine Nutrition", DS Kronfeld, University of Pennsylvania, School of Veterinary Medicine, 1972", excerpt from article, "Some Nutritional Problems in Dogs", page 32-33)

* La consommation maximale d'oxygène ou VO2Max est le volume maximal d'oxygène par unité de temps qu'une personne peut consommer lors d'un exercice dynamique aérobie maximal.

Sources :

www.working-retriever.com
www.purina.com
www.acsma.org
www.b-naturals.com
en.wikipedia.org
fr.wikipedia.org

Auteur & Traduction © : Emma

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